Surmonter une fausse-couche...

Publié le par jardin-de-lys.over-blog.com

Je reprends ici quelques fragments d'un article paru sur le site internet Psychologies.com (link) que j'avais été contente de trouver au mois de janvier :

Nombreuses sont les femmes qui subissent, au cours de leur vie, une interruption accidentelle de grossesse. On estime ainsi à près de 200 000 par an le nombre de fausses couches en France. Un chiffre en sensible augmentation depuis dix ans, notamment parce que les femmes entreprennent des grossesses de plus en plus tard. La fausse-couche est donc un événement courant. Mais aussi et surtout un événement qui ne doit pas être minimisé.


Les chiffres sont impressionnants (ailleurs, dans l'article, on parle de 15% des grossesses). Loin de me sentir rassurée, je me dis : «Si les fausses-couches sont si fréquentes, pourquoi est-ce que cela ne me retomberait pas dessus une prochaine fois ? »

 

Car la perte de l’enfant à venir est d’autant plus douloureuse qu’elle est encore trop souvent banalisée par les médecins et l’entourage. « La fausse-couche n’est plus un sujet tabou... Mais c’est une réalité qui entraîne des souffrances encore déniées. Or, une femme qui fait une fausse-couche doit faire le deuil de son bébé. À partir du moment où la grossesse est investie et l’enfant désiré, la fausse-couche n’est pas rien. C’est un événement qui doit être reconnu que la mère soit enceinte de quelques semaines ou de plusieurs mois. »

« Tu es jeune, tu as le temps d’avoir d’autres enfants », « Fais-en vite un autre, tu oublieras », « Ce n’est pas de chance, mais ce sont des choses qui arrivent »… Même si elles sont parfois pleines de bon sens, ces petites phrases ne sont pas d’une grande aide. Elles ont tendance au contraire à clore la discussion trop brutalement. Et n’offrent pas aux femmes endeuillées la possibilité de libérer leurs émotions et leur chagrin. « Chaque femme qui fait une fausse-couche doit pouvoir exprimer son ressenti pour éviter le déni »... Si la souffrance n’est heureusement pas systématique, ces grossesses interrompues peuvent causer une grande douleur, qui ne trouve pas toujours de lieu pour s’exprimer. »  [...] Car la parole s’avère souvent l’arme la plus efficace pour libérer sa peine et ne pas la faire peser sur les naissances à venir, parfois conçues comme des enfants de consolation. Certaines femmes vont en parler à leur mère, d’autres à des amies ayant traversé la même épreuve.

 

En parler semble crucial ; malheureusement, je n'en ai pas eu beaucoup l'occasion. Ma mère était bien sûr au courant ; elle m'a accompagnée et soutenue. Pourtant, je trouve qu'elle a un peu vite "classé l'affaire", peut-être pas dans les sujets tabous, mais en tout cas parmi les évènements du passé auxquels, de toute façon, on ne peut rien changer. Ma maman est un coeur, je pense qu'elle a fait ça par gentillesse, en croyant me protéger, et peut-être aussi se protéger elle-même. Je sais qu'elle aussi a fait une fausse-couche à plusieurs mois de grossesse et cet évènement douloureux doit remonter à la surface. Je ne lui en veux pas. Quant à mes amies, elles se divisent en deux catégories : celles qui sont déjà mamans et heureuses, et celles qui ne le sont pas, voire qui sont carrément célibataires (et là c'est encore plus difficile d'aborder le sujet). Bref, je n'en parle à personne...

 

Les femmes ayant vécu une fausse-couche reprochent souvent à leur conjoint de ne pas comprendre ce qu’elles ressentent ou de faire comme si de rien n’était. « Mais il est difficile pour un homme de se mettre à leur place... Il est désemparé par cette détresse devant laquelle il se sent impuissant. »

 

Mon Chéri a été très présent au moment de ma fausse-couche. Maintenant, il adopte une conduite pragmatique et optimiste, assez masculine en fait ; il est à fond impliqué dans la conception d'un futur bébé. Par contre, revenir sur les malheurs du passé, c'est vraiment pas son truc.

 

Ces « échecs de maternité » ne sont pas non plus sans conséquences sur les enfants déjà nés. Ils ressentent énormément le mal-être de leur mère quand ils sont jeunes et sont en interaction émotionnelle forte avec elle. Leur malaise ne se traduit pas forcément par des mots, mais plutôt par des troubles comme l’irritabilité, les réveils nocturnes ou encore les maux de ventre. [...] La même attention doit être portée sur les enfants à venir qui peuvent notamment souffrir d’une comparaison inconsciente avec cet enfant décédé et souvent idéalisé.

 

Je me suis demandé bien des fois quelle place accorder dans notre famille au bébé que l'on a perdu, par rapport à celui qu'on aura, j'espère, plus tard... Cette question n'est pas encore résolue... J'ai le sentiment qu'aujourd'hui son souvenir reste encore tellement présent et il est hors de question pour moi d'oublier mon petit ange. Cependant, je ne voudrais pas que ce souvenir empiète sur mon amour pour l'éventuel bébé à venir. Dur, dur, encore...

 

De nos jours, les fausses couches seraient même plus mal vécues que par le passé, les progrès de l’imagerie médicale permettant une personnalisation précoce du fœtus. « La grossesse est désormais un événement programmé... La déception des femmes est à la hauteur de cette illusion du contrôle total de leur maternité. » [...] L’accompagnement psychologique devient alors aussi important que la recherche des causes physiologiques et d’un traitement médical adapté. « La fausse-couche permet à certaines femmes de réaliser que la vie ne coule pas de manière simple et qu’elles ne peuvent pas tout contrôler...

 

C'est bien là le problème...

Publié dans Entre deux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
<br /> <br /> TRès bel article. Tu as raison, l'entaourage a tendance à classer l'affaire même si le chagrin est toujours là. La FC est vraiment complexe à comprendre par les autres mais aussi par nous même<br /> qui l'avons vécu.<br /> <br /> <br /> Si tu as besoin d'en parler... suis là.<br /> <br /> <br /> Pleins de bisous.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> C'est vrai qu'on se demande soi-même pouquoi on en sort tant meurtrie...<br /> <br /> <br /> Merci encore et plein de courage à toi<br /> <br /> <br /> <br />