Récit de cette journée si triste...
Hier, j'étais encore si heureuse sur mon petit nuage : le soir je faisais encore un tour sur les blogs de grossesse, le site d'embryologie de Cochin et la liste des prénoms les plus tendance...
Puis, vers minuit, après mon pipi précédant la douche, je remarque sur mon papier toilette une trace de sang légèrement brun, comme un début de règles. Je cours en parler à Chéri et déjà je culpabilise un peu : pourtant le cours d'aquagym du soir n'était pas spécialement intensif, je n'ai pas fait de mouvements violents, je me sens parfaitement bien...
Vu l'heure, nous décidons d'attendre le lendemain matin pour appeler mon nouveau médecin traitant, le Dr J. qui est une jeune généraliste, si le saignement persiste. Par coïncidence, j'ai rendez-vous demain avec ma gynéco. Cependant, j'ai peur qu'elle ne puisse pas m'être d'un grand secours, n'ayant pas d'appareil à échographie. De plus, étant donné mon Rhésus négatif, je pense que je ferais mieux de filer droit aux Urgences gynéco pour une injection de Rophylac...
La nuit se passe, avec un cauchemar vers 6h du matin, dans lequel le Dr J. m'annonce qu'à son avis c'est foutu... Au réveil, je remarque de nouvelles traces brunes de vieux sang sur mes sous-vêtements et sur le papier : à l'évidence quelque chose ne va pas. Au téléphone, le Dr J. me conseille effectivement d'aller aux Urgences gynéco, même si un saignement en début de grossesse n'est pas forcément inquiétant.
Je me prépare en douceur et pars vers 10h du matin. Je passe d'abord par le laboratoire d'analyses pour récupérer mes résultats et surtout ma carte de groupe. Je suis bien O négatif (c'est rassurant qu'ils trouvent pareil que l'autre labo) et tous mes résultats de sérologie sont bons (ça me fait une belle jambe...). Puis, je roule à toute vitesse vers l'hôpital.
Une fois sur place, s'ensuit une longue attente : l'interne de garde est débordée par sa visite à l'étage, il faut patienter au moins une heure. Deux autres personnes étaient là avant moi : une jeune fille accompagnée de sa mère et une autre femme enceinte plus avancée dans son terme. Enfin, arrive une petite externe toute jeune, qui nous examinera tout d'abord en attendant sa collègue. Elle est toute gentille, demande toujours la permission avant de m'examiner ou de faire un geste, on ne peut pas lui refuser. Elle constate effectivement un saignement, le toucher vaginal et le col sont normaux et elle doit attendre l'interne pour réaliser l'échographie.
Après de nouveau un temps d'attente, durant lequel arrivent mes parents, j'entre à nouveau dans la salle d'examen pour voir cette fois l'interne, encore une jeune femme très gentille. D'abord, elle me rassure en me disant qu'un petit saignement peut être tout à fait normal. Mais c'est bien sûr l'échographie qui nous donnera la réponse. Je m'installe sur la table et, après un nouvel examen gynéco, l'échographie commence d'abord au niveau abdominal (mais on ne distingue pas grand chose) puis par voie intra-vaginale. Là, l'interne visualise le sac embryonnaire (un joli disque noir sur l'image) et à l'intérieur un petit embryon immobile... L'image est de mauvaise qualité, mais elle se rend compte tout de suite que son petit coeur ne bat pas...
Elle souhaite néanmoins confirmer son examen sur un appareil plus performant, situé en Consultation gynéco au 5e étage. Cependant, le résultat est sans appel : là encore, sur l'image plus nette, le petit embryon se tient recroquevillé et aucun scintillement (correspondant aux battements cardiaques) n'est perceptible. L'interne prend les mesures : un peu plus de 8 mm pour l'embryon et 13 mm de diamètre pour la vésicule. Elle me dira ensuite que cela correspond à un embryon d'environ 7 SA, terme auquel ma grossesse s'est probablement arrêtée (en réalité, je suis à 9 SA + 1).
Néanmoins, elle me propose un nouveau contrôle échographique d'ici une semaine, soit le lundi 8 février à 16h. Selon elle, un petit miracle pourrait arriver (si l'embryon était trop petit à ce stade pour percevoir les battements de son coeur ?), bien que tous ses autres propos démentent cette possibilité. Entre temps, il se peut que la fausse couche survienne et que le sac embryonnaire soit expulsé ; pas besoin alors de revenir consulter en urgence sauf si l'hémorragie était très abondante. L'écho du 8 février confirmerait alors le "bon déroulement" de la fausse couche. Dans le cas contraire, et si le développement de l'embryon est bel et bien arrêté, on m'administrera alors des médicaments provoquant l'avortement et l'expulsion...
Tout ce programme me semble peu réjouissant... L'ensemble des éléments me laisse fortement penser que notre petit ange est parti et que les saignements en ont été un signe naturel. De plus, compte tenu des crampes que j'ai en ce moment dans le bas ventre et des saignements de sang rouge toujours plus abondants, je crois que tout sera fini bien avant lundi prochain. Enfin, avant de partir, j'ai une droit à mon injection IVD de Rophylac 200, destinée à protéger un éventuel 2e petit bout de ma réaction immunitaire contre l'antigène D de ses globules rouges. Pendant l'injection, je pleurais en regardant mon reflet sur le plafond de la salle...
Maintenant, il nous faudra à Chéri et moi une bonne dose de courage et une montagne d'amour pour traverser cette épreuve et faire le deuil de notre petit coeur. Et peut-être un jour retenter l'aventure...